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MODULE 36 : L’infirmier libéral face à un pansement lourd et complexe ?
La prise en charge des plaies a beaucoup évolué depuis quelques années notamment depuis les récentes évolutions techniques et réglementaires. Ces nouvelles prérogatives et le type de patients pris en charge (personnes âgées, diabétiques) font de l’infirmier exerçant au domicile un des acteurs essentiels de la prise en charge des plaies. Les plaies constituent un problème de santé publique dont le nombre croissant de complications impacte sur le pronostic vital et fonctionnel.
L’évolution naturelle d’une plaie se fait classiquement en trois phases successives (détersion, bourgeonnement et épidémisation). Dans le cadre du processus normal de cicatrisation, toutes ces phases se succèdent dans le temps de façon interpénétrée.
Selon l’étiologie, une plaie est considérée comme chronique après 4 à 6 semaines d’évolution. Les plaies chroniques comprennent en particulier les ulcères de jambe, les escarres, les plaies du pied diabétique, les moignons d’amputation…. Elles surviennent plus souvent chez des patients âgés ou dépendants en raison de facteurs favorisants multiples sur ces terrains.
Certaines d’entre elles seront considérées comme des plaies lourdes et complexes. Cette appellation de « plaie lourde et complexe » ne répond à aucune définition précise.
« Ce terme complexe est utilisé dans différentes recommandations et que la notion de complexité de la plaie intervient dans la nomenclature des actes infirmiers, il n’y a pas de définition précise de la plaie complexe »[1]
Dans la littérature, si l’on se base sur une description anatomique, il s’agit souvent d’une plaie avec perte de substance importante, ou une perte des structures nobles, ostéo-articulaires ou vasculo-nerveuses. Selon une approche plus globale, il s’agit le plus souvent d’une plaie chronique, dont la complexité découle de quatre types de facteurs. Certains sont inhérents au patient (physiques mais aussi psychologiques et sociaux), d’autres en relation avec la plaie elle-même (ancienneté, taille, localisation, inflammation, infection…), d’autres encore liés aux disponibilités des ressources et/ou du traitement, et des paramètres dépendant des compétences et des connaissances des professionnels.
En pratique on considère qu’une plaie est complexe lorsqu’elle nécessite un geste chirurgical d’excision majeur, qu’elle met en échec une prise en charge antérieure, nécessite une technologie sophistiquée ou multidisciplinaire ou encore une plaie ayant un impact économique important.
Souvent, une coordination des soins avec une équipe multidisciplinaire doit être recherchée pour optimiser le parcours de soins de la personne. Plusieurs réunions de consensus ont précisé ces dernières années le traitement des escarres ou des ulcères de jambe veineux, l'utilisation et les indications des pansements et de la thérapie par pression négative.
[1] Séance plénière Vulnus. « Les plaies complexes en question ». D’après les communications des Drs Julie Lano (Montpellier), Anne Dompmartin (Caen) et Jean-Charles Kerihuel (Paris).