Journées
Cicatrisations 2023

Program

SPE2 : Session spéciale : Cicatrices en dermatologie

SESSION SPÉCIALE
janvier 16th 2023 - 14:15 - 15:15 - SALLE 313 - 314
Modérateur(s) : Franck Duteille (Nantes, France), Margot Masanovic (Montpellier, France)
14:15 - 14:35 - Comment gérer et prévenir les complications précoces qui peuvent impacter la qualité finale de la cicatrice?
Jacques Lulin (Paris, France)

Après un geste de chirurgie dermatologique: Connaître et actualiser ses connaissances sur les complications précoces plus ou moins prévisibles, contribuer à leur prévention et à leur gestion pour limiter leur impact sur la qualité finale de la cicatrice.

14:35 - 14:55 - Apport des Lasers dans le traitement des cicatrices
Michaël Naouri (Nogent-sur-Marne, France)
14:55 - 15:15 - Laser et prévention de la maladie pilonidale
Mariangela Desantis (Nice, France)

Introduction: La maladie pilonidale (MPN) est une entité connue depuis 1847 et atteint environ 0,7 % de la population mondiale. Son incidence est proche de 25/100 000. Les hommes sont 2x plus atteint que les femmes, la maladie est active entre la puberté et 30 ans, elle devient exceptionnelle après 60 ans. Deux théories physiopathologiques principales s’affrontent: la congénitale et l’acquise. Des facteurs communs sont retrouvés comme l’obésité, Sillon inter-fessier (SIF) profond, position assise prolongée (« Willy’s disease »), population caucasienne, défaut d’hygiène… L’imprégnation hormonale joue un rôle décisif sur l’évolution ou l’activation de la maladie. Le traitement est historiquement chirurgical, uniquement pour les formes symptomatiques, avec des de nombreuses techniques chirurgicales possible (exérèse ou conservatrices, mini-invasives). Le but du traitement est d’éradiquer la suppuration, obtenir une cicatrisation rapide, limiter la douleur, la morbidité et permettre une reprise rapide des activités. La récidive de la maladie pilonidale est une problématique non résolue à ce jour. Des pistes sont à l’étude, notamment par l’utilisation de laser médicaux, seuls ou en
association à la chirurgie.


Méthodologie: En se basant sur les pratiques actuelles recommandés par les société savantes (SNFCP, ESCP, Guidelines Italiennes, Allemandes et en comparaison US) et l’EBM (recherche Pubmed, NIH pour le terme « Pilonidal disease PD ») les techniques mini-invasives (décrites dès 1965) semblent progressivement remplacer la chirurgie conventionnelle. L’utilisation de laser diode (SiLaC, SiLaT…) pour la MPN a été rapportée en 2017 par une équipe belge ayant débuté le traitement laser en 2014. Depuis, 10 études rapportent des résultats comparables sur la récidive (3%à 1 an) et la bonne tolérance
du traitement (satisfaction des patients >80%). Le laser diode est comparé à la chirurgie conventionnelle, fermeture par lambeau ou au « pit piking », avec des récidives plus faibles, mais se pose à ce jour le problème du maintient des excellents résultats sur le long terme. Pour le laser épilatoire Nd YAG ou Alexandrite en prévention de la MPN, une revue de la Cochrane, a permis de retenir 14 études, inclure 963 patients et obtenir un taux de récidive de 9,3% pour les patients ayant une épilation définitive au laser NdYag, contre
23.4% en cas de rasage ou crème épilatoire et 19.7% chez des patients n’ayant fait aucun soin complémentaire. Une revue plus récente permet de conclure que les patients ayant bénéficié d’une épilation laser YAG ou Alexandrite en plus d’une chirurgie (conventionnelle et/ou mini-invasive) avaient des récidives de 0-25% sur un suivi de 6-60 mois. Le laser épilatoire en utilisation seule en prophylaxie de la maladie pilonidale est en cours
d’étude au Royaume-Uni sur la population pédiatrique (étude randomisée), l’objectif principal étant l’absence de traitement complémentaire (incision, excision, antibiotiques).


Discussion: A ce jour, il n’y a pas de consensus sur les modalités de traitement de la MPN par laser. Le coût et l’accessibilité de la technologie laser semblent ralentir la progression de cette stratégie thérapeutique. Utilisé dès 1961 en ophtalmologie avec le laser rubis, l'argon, le CO2, l'NdYAG, l’Alexandrite sont d’utilisation quotidienne depuis plus de 40 ans. Les lasers nécessitent d’un investissement initial conséquent (public ou personnel) ce
qui en ralenti l’expansion. La technologie laser peut-être utilisée soit au bloc opératoire, avec le laser diode, technique qui connaît un succès exponentiel depuis 2017 avec une récidive de la MPN estimée entre 3-20% selon les séries. En prévention de la récidive le laser Alex/Nd YAG semble permettre un contrôle la MPN à plus de 90%. En prévention de la MPN, peu de données sont disponibles. La forme asymptomatique ne nécessite pas de traitement, il ne semble pas logique de proposer une épilation systématique à tous les patients. Peut-être établir un « score de risque » en prenant
compte des formes familiales, l’âge, le sexe, le mode de vie pourrait cibler les patients à risque d’activation et proposer un traitement laser épilatoire prophylactique.


Conclusion: Les publications et connaissances scientifiques ne semblent pas apporter une réponse claire quand à l’utilisation des laser pour la prise en charge de la MPN. Pourtant il s’agit d’une pathologie fréquente et complexe à traiter à la vue des résultats médiocres de la chirurgie, du nombre de techniques existantes, du risque de récidives et du surcoût économique
engendré lors de la prise en charge (soins, matériels de pansement, arrêt d’activité, souffrance physique et psychologique…). L’établissement de protocoles standardisés avec un algorithme décisionnel pourrait permettre une prise en charge optimale et standardisé des patients. La demande croissante de la part des patients et du grand public d’une prise en charge la
moins agressive et invalidante possible via le laser, est dissociée de l’offre de soins actuelle. La disparité de prise en charge est visible entre pays européen voisins, cela est essentiellement lié au mode de financement des soins (privé ou pas). S’agissant d’une pathologie multi-factorielle, il est possible que le contrôle optimal de la MPN passe par l’association de techniques mini-invasives, l’épilation laser, (avec un protocole
d’hygiène et rasage avant la séance), des équipes et praticiens entrainés permettant de corriger en « live » l’évolution la pathologie.